Le Tapeur, installation, jury 2010.
Sur les chaises inconfortables, les spectateurs sont absents. La vidéo est une menace fantomatique. On dit une peur blanche, mais la peur doit être celle de celui qui tape.
La vidéo. Un horizon vide en couleurs, calme. Un jeune homme en noir, qui tape de son couteau et de sa fourchette sur une surface blanche, une table. Le son est celui d'une batterie.
Quelques chaises blanches face à l'écran. Elles ont toutes un défaut; l'une n'a pas de dossier, l'autre pas d'assise, etc. Elles sont rendues pauvres.
Le Tapeur, en tapant, tente d'intimider le spectateur. Mais le son que l'on entend (caisse de batterie) ne correspond pas aux outils qui frappent (couteau et fourchette). Et le défaut est dévoilé lorsque son off et image sont désynchronisés.
C'est une manière exagérée de dire « j'ai faim », guerrière et grandiloquente, à la manière d'un Don Quichotte. Les conséquences en sont nulles: le paysage vert du « champ de bataille » reste vert et quasiment vide: un horizon et deux ou trois personnages au loin qui n'en finissent pas de traverser doucement le cadre. Seul un oiseau réussit à le franchir.